LA VÉRITÉ

Kore-eda est un cinéaste qui interroge inlassablement les mêmes problématiques. Son obsession pour les familles, plus ou moins dysfonctionnelles, leurs constructions, et leurs dissymétries, sont encore à l’œuvre dans La vérité. Lumir est une scénariste française qui vit à New-York. On comprend rapidement que cela sonne à la fois comme une émancipation et un exil vis à vis de la présence envahissante et dévorante de sa mère, incarnée par Catherine Deneuve, parfaite pour un rôle qui, s’il ne lui ressemble pas exactement, avait besoin d’une icône ayant traversé et survécu à plusieurs décennies de cinéma. Les deux femmes sont d’emblée positionnées dans un affrontement qui fait ressentir le poids des traumatismes et des reproches dans une relation mère/fille plus que compliquée....Le génie d’Hirokazu Kore-eda est de pousser son dispositif plus loin que cette lutte générationnelle, déjà passionnante, en distillant plan après plan le doute, au cœur de la mémoire...Si le film est rigoureux dans son écriture, il n’oublie jamais d’être un puissant vecteur d’émotions, comme toujours chez le réalisateur japonais, troublant et bouleversant dans les failles qu’il dégage entre ses personnages. La vérité est donc une œuvre complexe, brillante et émouvante, parfait cadeau de fin d’année d’un auteur qui a réussi à transposer son univers hors de ses terres, toujours soucieux de déployer ses obsessions avec une grâce indicible. lebleudumiroir.fr