MATERNAL
Paola quitte l'Italie pour Buenos Aires où elle doit terminer sa formation de Sœur au sein d'un foyer pour mères adolescentes. Elle y rencontre Luciana et
Fatima, deux jeunes mères de 17 ans. A une période de leur vie où chacune se trouve confrontée à des choix, ces trois jeunes femmes que tout oppose
vont devoir s’entraider et repenser leur rapport à la maternité. Pour son premier passage à la fiction, la cinéaste Maura Delpero a choisi de
s’inspirer de sa propre expérience en s’intéressant aux couvents argentins recueillant des jeunes mères, souvent mineures, pour les accompagner dans
l’éducation de leurs progénitures. Dans ce microcosme ampli de paradoxes, où des femmes aux tenues légères côtoient des personnes ayant décidé de
dédier leur vie à un être supérieur, la communication est souvent délicate entre ces deux entités difficiles à brasser. Progressivement, la caméra se fo-
calise sur Lu et sa fille Nina au moment de l’arrivée de Sœur Paola pour prononcer ses vœux. Lorsque la mère de l’enfant disparaît, celle-ci se retrouve à créer une relation fusionnelle avec cette gamine abandonnée. Si le film dresse de subtils portraits, la réalisatrice s’intéresse avant tout à
une sensation, celle de l’instinct maternel. Est-il défini par un lien de sang ou s’associe-t-il plus à une démarche bienveillante ? Pudique et épuré, Maternal
est une œuvre sensible sur une femme perdue entre sa foi et ses impulsions naturelles. S’égarant quelque peu dans sa multiplication des points de vue et sa narration éclatée, le métrage n’est jamais aussi puissant que lorsqu’il limite son cadre à sa protagoniste, magnifiquement incarnée par la révélation Lidiya Liberman. Avec son dénouement bouleversant, son absence de manichéisme et son refus total de moralisme, ce drame humaniste se transforme même en un état des lieux alarmant d’un pays où l’avortement est toujours interdit. Et pas besoin d’être chrétien pour séjourner dans ce cloître-là !
abusdecine.com
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YALDA, LA NUIT DU PARDON
Iran, de nos jours. Maryam, 22 ans, tue accidentellement son mari Nasser, 65 ans. Elle est condamnée à mort. La seule personne qui puisse la sauver est Mona, la fille de Nasser. Il suffirait que Mona accepte d’apparaitre dans une émission de téléréali té et de pardonner Maryam devant des millions de spectateurs. Mais le pardon est difficile quand le passé refait surface…
La télé-réalité sauvera-t-elle Maryam de la loi du talion ? Un thriller déroutant inspi ré d’un programme existant réellement en Iran.
Le scénario est digne de la pire dystopie : une émission de téléréalité met en scène la confrontation entre des condamné(e)s à mort et leurs victimes, seules capables de leur accorder le pardon qui leur sauvera la vie. En Iran, ce programme existe bel et bien, avec le succès d’audience qu’on imagine. Sur le plateau kitsch du Plaisir de pardon (un nom ironique pour un spectacle qui exalte la noblesse des senti ments tout en exploitant nos penchants les plus bas), voici donc Maryam, fille de chauffeur, implorant grâce aux pieds de Mona, grande bourgeoise. La jeune Ma ryam a accidentellement tué son vieux mari, le père de Mona, épousé dans le cadre d’un « mariage temporaire ». Typiquement iranien, ce contrat d’union est, avec « le prix du sang » (une somme versée aux familles des victimes ayant re noncé à la loi du talion), l’une des spécificités culturelles de ce thriller psycholo gique à huis clos. Si le face-à-face entre les deux femmes reste un peu schéma tique dans sa façon de confronter les classes sociales, le film parvient à impliquer le (télé)spectateur, à le faire s’interroger sur sa position de juge. Avec de tels ingré dients — suspense douloureux, émotions paroxystiques —, il est toutefois dom mage que le réalisateur choisisse d’en rajouter dans la dramatisation. Comme s’il finissait par céder lui-même à la tentation d’instrumentaliser son sujet.
telerama.fr
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A COEUR BATTANT
Julie et Yuval s’aiment et vivent à Paris. Du jour au lendemain, ce couple fusionnel doit faire face à une séparation forcée. Lui à Tel Aviv, dans sa ville natale, elle à Pa ris avec leur bébé, ils continuent à vivre ensemble mais par écrans interposés. Cette vie par procuration va vite connaître ses limites. La distance mettra leur amour à rude épreuve...
Sympathique cinexpérience que celle-ci : voici un film intelligent qui nous plonge dans le délitement des relations affectives au travers de la solitude, de la distance, tandis que Skype qui se veut un lien social devient un inquisiteur nerveux, gênant, presque pervers.
C’est l’histoire simple d’une séparation qui devait durer une petite semaine, qui va s'éterniser et durer beaucoup plus longtemps que prévu. Cette solitude et la dis tance physique vont effriter la relation amoureuse, qui petit à petit va se déliter. C'est bien fait, bien vu et étrangement le thème de ce joli film est assez philoso phique. Il nous place face à nos propres capacités d'échanger sans relation "phy sique". Le prisme de l'image virtuelle véhiculée par l'écran n'est qu'un leurre auquel on se rattache pour nous faire croire que notre solitude est irréelle et au final pas si intense. Pourtant, les événements qui s'enchainent, le quotidien de la vie, les contraintes sociales et matérielles, le besoin du travail vont s'immiscer avec une sorte de perfidie invisible dans cette relation humaine pour la faire voler en éclat, nous projetant à la figure nos fragilités, nos bassesses, nos abandons et nos lâche tés. L'Homme n'est qu'un animal social qui perd ses repères sans vie affective faite de chair et de tendresse physique, et devient vite agressif, vil, égoïste et quelque part manipulateur… senscritique.com
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JOSEP
Un film de Aurel
Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barce lone à New York, l’histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et ar tiste d’exception.
Le point de départ du film est l’arrivée de ces Républicains espagnols dans le Sud ouest français, par delà la frontière pyrénéenne, et de leur parcage dans des camps de concentration. Là encore, ce fait préfigure ce qui suivra et entache lour dement l’État français. Aurel représente avec beaucoup de justesse et d’âpreté le quotidien de ces exilés, qui, fuyant la barbarie franquiste, se retrouvent confrontés
à une autre forme de violence, tout aussi redoutable et avilissante… Toute la force des choix narratifs du réalisateur : Serge n’est pas un héros, il est un homme ordinaire qui a peur pour sa personne et qui fait des choix égoïstes pour survivre. Il imite la cruauté de ses pairs pour s’intégrer. L’alternance entre ces scènes prouvent d’emblée la complexité de cette époque et de celles des rapports de force. Aurel n’a de cesse que de creuser les paradoxes qui émaillent cette pé riode de l’histoire. Si les bourreaux sont facilement identifiables, il n’y a pas de saints véritables ici.
Ce premier film réussit, en à peine 1h15, à contenir une densité thématique hors du commun, aidée par une forme magistrale qui interroge le spectateur sur ce qu’il voit à chaque instant. Tous ces éléments dont de Josep un film important et politique, un véritable outil pédagogique et didactique sur histoire et mémoire, mais égale
ment une sublime mise en abime sur le métier d’illustrateur et son rôle de témoin et conteur d’histoires, au cœur même de la tempête. lebleudumiroir.fr
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ONDINE
De Christian Petzold
Avec Paula Beer, Franz Rogowski, Jacob Matschenz
Ondine vit à Berlin, elle est historienne et donne des conférences sur la ville. Quand l’homme qu’elle aime la quitte, le mythe ancien la rattrape : Ondine doit tuer celui qui la trahit et retourner sous les eaux…
Tous les protagonistes des films de Christian Petzold sont des spectres, au sens propre ou figuré. Des êtres empêchés, coupés du monde et des autres par une frontière fantastique infranchissable, et ce même dans les cadres les plus anodins tel un centre-ville à la mo dernité anonyme. Petzold retrouve d’ailleurs ici des lieux qu’il transformait déjà en terre de légendes dans son film Fantômes : le quartier berlinois glacé de Mitte. Par un singulier hasard linguistique, on serait d’ailleurs tenté d’entendre à la place le mot… « mythe ». Il y a justement deux mythes à l’œuvre dans ce nouveau film. Il y a bien sûr celui de l’héroïne éponyme, qui mène à la mort ceux qui l’aiment, brillamment interprétée par Paula Beer. Mais la ville de Berlin, son histoire et son architecture, sont également abordés comme un mythe. Dans le musée où travaille Ondine, on raconte en chuchotant comme un conte l’évolution visuelle de la capitale. Berlin y est narré comme une ville faite d’Histoire et d’histoires, où le passé n’est jamais très loin sous la surface, prêt à resurgir de derrière les façades faussement anciennes bâties çà-et-là pour masquer « la douleur fantôme de l’Histoire », selon une formule qui pourrait résumer avec brillance la filmographie du cinéaste…..
Mais depuis Yella, le cinéma de Petzold a évolué, jusqu’à devenir le plus romanesque de toute l’École de Berlin. Or, il y en a du romanesque dans Ondine : des coups de foudre, de la romance de conte de fées, et même l’écho de divertissements magiques comme Vingt Mille Lieues sous les mers ou La Créature du lagon noir, tous deux cités en réfé rence. L’amour finit par prendre lui aussi des dimensions mythiques : il relie passé et pré sent, il est un graffiti que le temps ne pourra jamais effacer, il prend la vie et ramène à la vie, il change les villes comme les Hommes. Porté par les performances charismatiques de deux des meilleurs comédiens du moment, Ondine est une nouvelle preuve que, der rière un masque spectral, le cinéma de Petzold est en réalité particulièrement émouvant. lepolyester.com
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